Les origines historiques des planches
La planche est sans conteste l’une des figures les plus emblématiques et respectées de la discipline, symbole ultime de force, de contrôle et d’équilibre.
Mais derrière le terme « planche » se cache en réalité toute une famille de mouvements, qui comprend à la fois les positions horizontales suspendues comme le front lever et le back lever, ainsi que les figures au sol ou sur barres parallèles, comme la full planche, la straddle planche, et autres variantes.
Ces figures impressionnent par leur esthétisme autant qu’elles intimident par leur exigence. Pour beaucoup, elles sont intimement liées à l’essor du street workout au début des années 2000, époque où les pratiquants commençaient à s’approprier le mobilier urbain comme alternative aux machines de musculation pour leur entraînement.
Pourtant, cette idée d’une invention récente est loin de la réalité. Si le Calisthenics moderne a contribué à populariser ces mouvements, leur histoire remonte bien plus loin. La gymnastique, qui a largement inspiré le Calisthenics, intégrait déjà des mouvements similaires dès le XIXᵉ siècle. Et bien avant encore, on trouve des traces d’exercices et de figures comparables dans les arts du cirque, les démonstrations équestres ou même les pratiques comme le yoga.
Ainsi, parler de « la planche » revient finalement à évoquer tout un héritage de postures et d’évolutions techniques, chacune exigeant une combinaison unique de force et d’équilibre.
La gymnastique moderne (XXᵉ)
Avec la redécouverte du calisthenics, le XXᵉ siècle marque une période clé pour les figures statiques. Aux Jeux olympiques et dans les grandes compétitions de gymnastique artistique, on voit apparaître des exécutions spectaculaires, comme des mouvements de planches aux anneaux ou sur cheval d’arçon.
Des figures proches de la full planche et du front lever y sont exécutées, même si à l’époque et plus on remonte dans le temps, la technique diffère des standards actuels. Parmi eux, Alberto Braglia, lors des Jeux Olympiques de Londres en 1908, impressionnait déjà par des positions qui rappellent la full planche, malgré une antéversion du bassin un peu trop marquée par rapport aux critères modernes.
Ces décennies voient la planche devenir un véritable symbole d’excellence gymnique, contribuant à poser les bases du Calisthenics tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Planches et acrobaties de cirque (XIXᵉ)
Bien avant que la planche ne devienne une figure de gymnastique codifiée, les artistes de cirque du XIXᵉ siècle en réalisaient déjà des performances similaires et souvent de façon bien plus spectaculaires.
Sur les affiches de cirques et gravures anciennes, on peut ainsi retrouver des représentations d’acrobates effectuant déjà des positions horizontales sur agrès, portées, ou suspendus à des câbles et trapèzes. Ces figures exigeaient déjà un gainage extrême et un sens aigu de l’équilibre. Vers la fin du XIXe il était déjà possible de voir des full planches parfaitement maîtrisées et assez strictes en comparaison des standards d’aujourd’hui.


Ces démonstrations, mêlant force, stabilité et contrôle de soi, préfiguraient ce que seraient plus tard les planches modernes. Dans certains spectacles, on retrouvait même des compositions collectives où plusieurs artistes réalisaient simultanément des levers ou des planches sur cordes, perches, trapèzes et autres agrès, créant un effet visuel saisissant.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, certaines figures que l’on imagine modernes, comme le triple front lever, existaient déjà il y a plus de 100 ans, preuve que ces artistes n’avaient rien à envier aux gymnastes.

Les débuts de la gymnastique et l’apparition des figures statiques (XVIIIᵉ – XIXᵉ)
À la fin du XVIIIᵉ siècle, la gymnastique moderne commence à se structurer et à se codifier, notamment grâce à des éducateurs comme Johann Heinrich Pestalozzi et Johann Christoph Friedrich GutsMuths, souvent considéré comme le « père de la gymnastique moderne ». Leur objectif était de renforcer la santé, la discipline et la coordination corporelle chez les jeunes, à travers des méthodes éducatives systématiques. Ces exercices étaient souvent réalisés sur des agrès comme la barre fixe ou les barres parallèles, progressivement intégrés comme outils pédagogiques destinés à former le corps dès le plus jeune âge. C’est notamment grâce à l’introduction de ces supports que les figures de suspension et de maintien horizontal (les levers) deviendront peu à peu un domaine d’exploration.

Au début du XIXᵉ siècle, la discipline se structure encore davantage, notamment sous l’impulsion de Francisco Amoros en France. Dans son ouvrage publié en 1830, Amoros décrit pour la première fois un back lever, l’une des plus anciennes (si non la plus ancienne) représentation explicites de cette figure. C’est dans ce même ouvrage qu’il évoque également des variantes intermédiaires et plus accessible, comme la planche sur coudes (elbow planch), réalisées sur barres parallèles ou directement au sol.
En effet, cela se complique pour certaines figures : contrairement à la planche en appui, le front lever et le back lever nécessitent l’utilisation d’un agrès de suspension. Sans ce support, il est difficile d’imaginer la réalisation de tels mouvements. Pourtant, bien avant la naissance de la gymnastique moderne, il est possible de trouver certaines mentions d’agrès similaires à la barre fixe. On peut donc aisément imaginer que les anciens faisaient preuve d’autant de créativité et d’ingéniosité que les pratiquants d’aujourd’hui. Voyons maintenant ce qu’il en est des planches avant l’ère de la gymnastique moderne et de l’origine de la barre fixe.

Les débuts de la gymnastique et l’apparition des figures statiques (XVIIIᵉ – XIXᵉ)
Si l’on remonte encore plus loin, on trouve des mentions d’exercices de suspension dès le XVIᵉ siècle. Dans Gargantua de Rabelais, publié en 1535, on évoque déjà l’usage de « perches » ou « barres » pour se suspendre, preuve que le travail en suspension fascinait déjà.
Dans une peinture du XVIᵉ siècle de Pieter Bruegel on peut également retrouver une allusion à la barre fixe, représentée par des enfants en train de se suspendre à une poutre en bois. Bien que largement éloigné des agrès d’aujourd’hui, cela reste une des plus anciennes illustrations connues d’un support similaire à la barre.
Et même encore plus tôt, dans un traité en latin sur la santé et l’hygiène, attribué au médecin grec Galien (IIᵉ siècle), on mentionne déjà des exercices pratiqués sur des perches ou barres, visant à développer force et agilité.
À cette époque, il ne s’agissait pas encore de mouvements codifiés comme aujourd’hui, mais ces témoignages montrent un intérêt ancien pour le travail en suspension, fondement des futurs levers et figures statiques.

En parallèle, des représentations du XVIIᵉ siècle montrent également des acrobates et cavaliers utilisant le cheval comme agrès pour réaliser des positions proches de la planche. Ces démonstrations équestres, issues de pratiques militaires, furent par la suite transformées en spectacles et intégrées aux arts du cirque. La recherche d’équilibre et de contrôle y était déjà essentielle.

Contrairement aux levers, qui nécessitent une barre ou un point de suspension, la planche peut se réaliser sans agrès spécifique. Les anciens l’avaient bien compris. Les maîtres de yoga, ont ainsi popularisé des postures similaires, comme la Mayurasana (position du paon), décrite dès le Xe siècle dans le Vimanarcanakalpa. Cette posture, comparable à une elbow planch sur les coudes, illustre la créativité déjà présentes bien avant l’essor de la gymnastique moderne.

temple Mahamandir, Jodhpur, Inde. © Domaine public
Pour aller plus loin
Ainsi donc, on se rend compte que la planche a finalement une histoire assez ancienne et plus complexe que ce que l’on peut imaginer. Les figures auront été créées puis remises au goût du jour à plusieurs reprises.
Et même si on n’a pas d’évidence claire de ces mouvements avant le Xe siècle, il est tout à fait possible d’imaginer des exercices de ce type à des époques pour lesquelles des structures s’apparentant à la barre fixe existaient.
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▶️ https://www.youtube.com/watch?v=QhxewsE0g