Les origines historiques du handstand
L’appui tendu renversé (ATR), plus communément appelé handstand, est un mouvement emblématique du Calisthenics, que l’on retrouve également dans de nombreuses autres disciplines comme la gymnastique, le yoga, le cirque ou encore le crossfit. Sauf qu’avant d’être un incontournable des entraînements modernes, le handstand possède une histoire longue et fascinante, traversant les époques et les civilisations.
Par ailleurs, le handstand est bien plus qu’un simple mouvement. Pour certains, il représente même une discipline à part entière, à l’instar de branches comme le StreetLifting ou le Statique en Calisthenics. On y retrouve un ensemble de variantes et de figures : handstand classique, one arm handstand, press to handstand, ou encore différentes formes d’équilibres dynamiques ou statiques.
Ainsi, après avoir exploré les origines du human flag (drapeau humain), il était naturel de se pencher sur les racines de ce mouvement qui symbolise non seulement le contrôle du corps mais aussi la maîtrise de l’équilibre.
Alors, jusqu’où peut-on remonter pour trouver les premières traces de cet équilibre sur les mains ?
Des jeux d’enfants à la gymnastique moderne
Lorsqu’on s’intéresse aux premières mentions écrites du handstand, on est naturellement amené à explorer les débuts de la gymnastique moderne au XIXᵉ siècle. À cette époque, la discipline se structure, notamment grâce aux travaux de Johann Christoph Friedrich Guts Muths, souvent considéré comme le père fondateur de la gymnastique moderne. Son premier manuel, Gymnastik für die Jugend (1793), pose les bases de nombreux exercices et met en avant l’idée d’une éducation physique systématique pour la jeunesse.
Inspiré par ces travaux, Phokion Heinrich Clias publie en 1819 un ouvrage où il décrit déjà des exercices proches du handstand, comme « marcher sur les mains, étant fixé par la pointe des pieds au câble ou à la corde, les reins tendus ».
Mais avant même d’être codifié dans ces écrits, l’équilibre sur les mains existait déjà sous une forme ludique et courante. Dans La gymnastique de la jeunesse (version française de l’ouvrage de 1793 de Guts Muths, et parue en 1803), on trouve des gravures montrant des enfants jouant à la roue, à la semelle et surtout à la culbute — des mouvements qui rappellent fortement l’idée du handstand.

Il faut se souvenir que nombre d’exercices de gymnastique trouvent leur origine dans les jeux d’enfants. Ces jeux constituent ainsi les premières formes populaires et intuitives d’exercices d’équilibre sur les mains, bien avant leur formalisation dans la gymnastique.
Pourtant, cet exercice ne s’est pas arrêtée aux terrains de jeux. Du Moyen Âge, jusqu’au XIXᵉ siècle, les acrobates des foires et des cours royales en Europe intégraient également dans leurs spectacles des figures d’équilibre sur les mains, connues sous le nom de grande culbute. Ces performances publiques servaient à émerveiller les foules et illustraient déjà la recherche d’exploits physiques et de maîtrise du corps.
L’Antiquité grecque : un bond de 2 000 ans en arrière
Si l’on remonte encore plus loin que le Moyen Âge ou les débuts de la gymnastique, on découvre que l’art de l’équilibre était déjà bien présent en Grèce antique, autour de -350 av. J.-C.
Durant cette époque, les banquets aristocratiques appelés symposium occupaient une place centrale dans la vie sociale. Ces rassemblements n’étaient pas seulement des moments de beuverie et de discussions philosophiques, mais aussi de véritables spectacles, où l’on engageait des danseuses, des musiciens et des acrobates pour divertir les invités.
Les acrobaties tenaient une place de choix dans ces soirées. On y retrouvait des artistes capables d’exécuter des figures spectaculaires, comme tenir des équilibres sur les mains ou marcher sur les mains.
Ainsi, dès l’Antiquité grecque, l’équilibre sur les mains était déjà perçu comme une prouesse artistique et un symbole de maîtrise corporelle, intégré à la fois dans la fête et dans la tradition du spectacle.

On y voit une danseuse (orchestris) en équilibre sur les mains, exécutant un acte acrobatique probablement destiné à divertir lors d’un banquet. © The Trustees of The British Museum, publiée sous licence Creative Commons CC BY-NC-SA 4.0. Source originale.
L’Égypte antique : des racines bien plus profondes
Bien avant la Grèce antique, l’art de l’équilibre et des mouvements acrobatiques occupait déjà une place importante en Égypte antique, notamment à partir du Moyen Empire (vers -2000 à -1700 av. J.-C.).
Dans la société égyptienne, ces mouvements étaient pratiqués non seulement comme divertissement, mais aussi dans un cadre religieux et cérémoniel. On les associait particulièrement à la déesse Hathor, figure de la joie, de la musique et de la danse. Les acrobaties et la gymnastique étaient ainsi perçues comme un moyen d’honorer les dieux, et de se rapprocher des divinités.
Les archives archéologiques et les recherches récentes montrent que les Égyptiens utilisaient des termes spécifiques pour décrire ces positions acrobatiques. Parmi elles, la position de l’arche (arch position) se rapprochait déjà de l’idée du handstand, mais se distinguait par une antéversion prononcée du bassin. On l’appelait figure de l’arche précisément parce que la forme cambrée du corps rappelait visuellement la courbe d’une arche. Cette posture exigeait une grande souplesse et témoignait d’un haut niveau de maîtrise corporelle, illustrant déjà la fascination des Égyptiens pour l’équilibre et le contrôle du corps.
Ces découvertes confirment que la recherche de l’équilibre, l’expressivité corporelle et la fascination pour la maîtrise physique étaient déjà profondément ancrées dans la culture égyptienne, bien avant l’essor des autres grandes civilisations méditerranéennes.

La Syrie antique : Le berceau du handstand
Et pourtant, les plus vieilles origines connues du handstand nous ramènent encore plus loin, au cœur du Proche-Orient, dans la région correspondant à l’actuelle Syrie.
Aux alentours de -2320 av. J.-C., dans la cité d’Ebla (aujourd’hui dans le nord de la Syrie), des tablettes administratives évoquent la présence d’acrobates professionnels appelés huppû. Ces artistes faisaient partie intégrante des cours royales et étaient employés pour animer les cérémonies religieuses, les banquets officiels ou encore les festivités célébrant le retour du roi ou l’accueil d’invités prestigieux. Leur art comprenait déjà des figures d’équilibre sur les mains, démontrant un niveau de technicité avancé pour l’époque et illustrant une maîtrise corporelle exceptionnelle, parfaitement documentée dans ces archives.
Cette tradition acrobatique s’est ensuite diffusée dans tout le Moyen-Orient. On la retrouve notamment attestée plusieurs siècles plus tard en Iran (dans la région d’Arjan), où les acrobates faisaient déjà partie intégrante des festivités royales.
Loin d’être un simple divertissement marginal, cet art témoigne d’une culture raffinée, mêlant expression artistique et prouesse physique, et révèle que la fascination pour l’équilibre et la maîtrise corporelle remonte à plus de 4 000 ans. Bien avant la Grèce ou l’Égypte, le handstand s’enracinait déjà dans ces premières grandes civilisations


Pour aller plus loin
Remonter aux origines du handstand nous montre à quel point ce mouvement traverse les âges, les civilisations et les cultures. Ce n’est pas seulement un exercice de force ou un défi d’équilibre : c’est une véritable expression artistique et un symbole intemporel de maîtrise corporelle.
Aujourd’hui, cette fascination continue d’inspirer de nombreux pratiquants à repousser leurs limites et à explorer leur potentiel physique. Si toi aussi tu souhaites approfondir ta pratique du Calisthenics, améliorer ta technique sur les mouvements ou découvrir des programmes complets adaptés à ton niveau, tu peux retrouver toutes les ressources et les programmes disponibles sur le site de la Muscle-Up Academy.
Tu peux également retrouver la vidéo retraçant les origines du handstand sur la chaîne YouTube de la Muscle-up Academy ainsi que les sources sur lesquels s’appuie cet article :